La thébaïde ébahie

info@execho.info19 avril 2024 - ::

Tibet : Pékin ne lâche rien

Tibet : Pékin ne lâche rien

Retour

Alors que la torche quitte Olympie, les Occidentaux sont divisés face à l'intransigeance de Pékin. Selon un sondage CSA, 53% des Français souhaitent que Nicolas Sarkozy boycotte la cérémonie d'ouverture.

La Chine persiste, sourde aux condamnations internationales, basées sur des informations fausses et manipulées par l'étranger. Et encore davantage aux faibles protestations intérieures qui apparaissent sur le Net, noyées dans les milliers de commentaires violents à l'adresse des casseurs et pilleurs de Lhassa.

Samedi, 29 dissidents chinois ont diffusé une lettre sur Internet, appelant Pékin à cesser sa propagande, à autoriser une enquête de l'ONU au Tibet et à ouvrir le dialogue avec le Dalaï-Lama. Les dirigeants chinois, partis en guerre contre les conspirateurs tibétains n'en ont que faire. L'artillerie lourde est déployée, sur les plus petites routes du Tibet comme dans les médias. Le Quotidien du peuple de samedi annonce que la Chine continuera à fermement réprimer la conspiration visant au sabotage et écraser les forces tibétaines d'indépendance. Dimanche, l'organe du Parti communiste chinois, relayé par celui de l'Armée populaire de libération, a martelé à nouveau : Peu importe que le Dalaï-Lama et ses partisans se camouflent derrière le prétexte de la paix et de la non-violence, leurs activités de sabotage visant à la conspiration sont vouées à l'échec. La rage contre les Tibétains s'est étendue à toute la Chine, y compris sur la riche côte de l'ouest : La clique du Dalaï-Lama est devenue une organisation terroriste, lit-on sur un site Web de Shanghai.

Civils innocents : ces commentaires, inspirés par les plus hauts dirigeants de l'Etat, sont assortis d'un bilan chaque jour réactualisé des violences. L'agence Chine nouvelle fait état de 19 morts durant les émeutes, dont 18 civils innocents, sous-entendus chinois, et un policier. S'y ajoutent 241 policiers et 382 civils blessés. Et aussi 94 blessés dans le Gansu, dans une tardive reconnaissance de l'étendue des manifestations dans les provinces du Tibet, en dehors des frontières de la région autonome.

Les autorités n'ont admis que vendredi avoir tiré sur les manifestants et seulement en légitime défense. Côté tibétain, il n'y aurait eu que quatre blessés, selon Pékin.

A ces chiffres s'oppose le bilan de 99 morts et de centaines de blessés brandi par le gouvernement tibétain en exil à Dharamsala. Les Tibétains n'ont, semble-t-il, pas encore donné de noms, à l'exception de celui d'une écolière de 16 ans. Lhundup Tso aurait été tuée le 16 mars à Aba, dans le Sichuan, en même temps que 22 autres manifestants selon une association de Katmandou.

Villes verrouillées : les informations sont difficiles à confirmer. La presse, chinoise et étrangère, est chassée des zones de troubles. Les quelques reporters qui ont pu se faufiler entre les barrages sont, pour la plupart, revenus avec des témoignages parcellaires, insuffisants pour refléter l'étendue du mouvement qui semble agiter, depuis le 10 mars, Lhassa, ses environs et trois provinces de l'ouest chinois, le Gansu, le Qinghai et le Sichuan. De partout remontent les mêmes témoignages de villes verrouillées par la police et l'armée. Dans ces conditions, le retour au calme annoncé par Pékin depuis plusieurs jours semble bien réel.